Thursday, April 21, 2016

Paulès, Xavier. Histoire d’une drogue en sursis: l’opium à Canton, 1906-1936


Le pavot dont on tire l’opium a pour principale composant la morphine, sa qualité est différent selon sa région de provenance, connu depuis les Tang en 618-907, utilisé et connu auparavant dans le domaine médical avant d’être une drogue sous les Ming en 1368-1644, pour finalement devenir un fléau sous les Qing, elle connaît une forte consommation chez les élites et économistes de l’empire. L’opium importé d’Inde en Chine via Canton avait un rituel particulier à l'utilisation " allongé et la tête poser sur un oreiller" . Au milieu du XIX siècle la Chine produit elle même son opium dans le Sud-Ouest, devient un grand producteur et limite ses importations extérieures. A partir de 1906, le pays veut réduire la consommation et passe à un plan anti-opium « plan de dix ans ».  En 1936, sous le Guomindang , la lutte anti-opium  se renforce par une taxation et un monopole d’Etat. Pendant longtemps la consommation d’opium n’était pas considéré comme une politique impérialiste mais un phénomène social. Souvent mépriser et revendiquer comme un « empoisonnement des occidentaux ». L’étude de Paulès, se base sur une période précise de 1912 – 1936 et dans une province précise : Canton. 
L’opium était une denrée fortement taxée. Lorsque la morphine et l'héroïne arrivent sur le marché, elles ne sont pas légalisé car c'était un concurrent de l'opium...En effet , après 1920 la Chine connait également « Yantiao: la production d’opium à bas prix » concurrent de l’opium officiel chinois. 
Mais Macao continue à tenir son monopole d’opium indien avec une partie réexpédier vers la Chine. Paulès pose la question du poids de la consommation d’un fumeur chinois dans son budget ? 
Pourquoi une contrebande n'a jamais réussi à concurrencer le monopole d'Etat? Comment se fait-il que cette propagande anti-opium n'a pas connu de mesure plus drastique? On pourrait alors se poser cette fameuse question qui  etait-ce vraiment un phénomène social ou tout simplement une politique impérialiste?  
En 1935, on revendique la suppression des fumeries et les autorités recherchent une ligne d’entente, un compromis entre leurs propres intérêts, les besoins des fumeurs mais aussi les revendication des opposants à la drogue. La consommation d’opium devient l’étiquette de Canton. On décide alors de limiter les fumeurs dans les endroits publics. Il y’a eu une forte consommation dans les fumeries mais aussi dans les maisons . Dans les lieux publics  comme bordels, hotels, restaurants, la consommation d’opium est proposée comme une prestation.Deux types de clientèles fumaient au domicile : les cantonais aisées plus précisément les femmes, en effet ne se voyaient pas aller dans des bordels ou fumeries et les plus pauvres car ils n’avaient pas les moyens d’aller dans les fumeries.
Paulès pointe que la consommation d’opium n’occupe pas vraiment de place dans les lieux publics, les plaintes sont spécifiques aux fumeries implantés dans la ville.  On remarque que Canton n’est jamais décrite comme une ville sous l’emprise massive de l'opium, tout est ramené à Honam. Ainsi Canton apparaît comme ville-modèle.
La période 1907-1925 : les fumeries étaient le plus souvent interdites, voir tolérées, l’Etat était incapable de supprimer les taxes sur les fumeries puisque c’était devenu une source de revenu, mais tenter le plus souvent de contrôler et taxer l’approvisionnement. Des dispositions telles que l'interdiction à l’accès des fumeries a une certaine heure et une fermeture imposée à minuit + interdiction de loger les clients pour la nuit, ainsi ces règlements influent le fonctionnement des fumeurs et donc restreint l’accès aux fumeries à une certaines catégories de consommateurs. 
1937 : inauguration de clinique de désintoxication lors de l’occupation japonaise. Une grande partie des fumeurs sont issus des couches les plus populaires comme les tireurs de pousses , il nous faut rappeler que l’opium officiel coûte cher et devient une charge importante dans le budget familial d'un chef de famille. Paulès pose la question de la définition de ce qu’un « fumeur d’opium »  ? Est-ce un  consommateur qui fume occasionnellement ou un consommateur qui la fume tous les jours?  Une limite nette se crée entre les fumeurs d’opium et les opiomanes. 



Thursday, April 14, 2016

Useless to the state: "social problem" and a social engineering in nationalist Nanjing 1927-1937, Zwia Lipkin

Quand les nationalistes arrivent au pouvoir, ils veulent faire entrer la Chine dans une ère de modernité. Les nationalistes veulent réformer le pays mais se concentrent sur les villes, lieu de modernité par excellence, et surtout à Nanjing, capitale de la République Populaire de Chine depuis 1927. La création d'une nation et d'une société ainsi que de citoyens modernes implique également le fait de montrer du doigt les « déviants », les personnes qui ne sont pas considérées, selon un jugement subjectif, dans la norme. L'identification des « déviants » montre à la population en général ce qui est normal et justifie le contrôle social de l'Etat qui augmente progressivement. Les nationalistes veulent faire de Nanjing une ville moderne pour toute la Chine mais également impressionner les occidentaux. Toutefois, la ville en réalité n'est pas développée, elle n'est pas cosmopolite, la population n'est pas éduquée et est au chômage et pauvre. Cette différence entre l'idéal et la réalité augmente le sentiment d'urgence et pousse au changement rapide. A la base l'économie de la ville est surtout traditionnelle, autrement dit l'agriculture, les métiers manuels et les petits commerces. La principale industrie est la soie mais elle décline. Il n'y a pas d'usines modernes. Toutefois, avec les événements, comme les désastres naturels, les conflits sino-japonais et les opérations militaires, le commerce souffre, ainsi que l'agriculture. Beaucoup de personnes dépendent de l'agriculture et se retrouvent à devenir des mendiants. Par ailleurs, le service électrique et téléphonique de la ville ne sont pas étendus, le coût est élevé donc réservé aux riches, aux officiels et aux étrangers. De plus, il n'y a pas d'eau courante. A Nanjing, les nationalistes installent un gouvernement municipal. Après la possibilité des changements physiques, le gouvernement veut aussi construire l'esprit des habitants car les défauts de l'esprit sont des obstacles au progrès social. Ainsi, il met en place des politiques pour changer les comportements, éliminer les déviants ainsi que des réformes sociales pour améliorer le niveau de vie de la population. Nanjing a connu un développement rapide sur dix ans, le réseau de transport est dense, il a des villas, des zones résidentielles, des parcs, l'eau courante, l'électricité et un système des eaux usées.
Toutefois de nombreux problèmes se posent comme la pénurie de logements. Le gouvernement pour ne pas dégrader l'image de la ville, prévoie de construire des logements sociaux avec des loyers bas. Ces logements n'attirent pas les personnes, trop loin de leur travail et mal desservis par les transports, les loyers sont bas mais encore trop haut pour les plus pauvres. Les quartiers pauvres sont vus comme un obstacle à la modernisation et dégrade l'image de la Chine aux yeux des chinois et étrangers. Au début la politique est l'élimination puis l'évacuation et enfin l'amélioration des quartiers pauvres. Le succès concernant la crise du logement est mitigé. .
Autre problèmes, la mendicité est une pratique courante et longuement établie. Il est existe d'ailleurs des mendiants dits « professionnels » qui voient en cette pratique. Ces professionnels sont surtout des hommes et sont organisés en guilde avec des règles et un chef. Toutefois, tous les mendiants ne sont pas forcément des professionnels, certains voient cette activité comme un complément de revenus et d'autres un moyen de survivre. La perception de la mendicité par la population est ambivalente. D'une part, cette pratique est commune et essentielle et d'autre part elle est vue d'un mauvais œil. La solution pour le gouvernement est alors d'ouvrir des refuges et d'enseigner à ces personnes la capacité d'être productif pour être utile à la nation. Le coût de ces refuges est difficile à supporter pour le gouvernement qui va alors se tourner vers les donations des marchands locaux. Le problème principal n'est pas la pauvreté mais l'image de la ville, surtout que ces mendiants veulent être visibles pour récolter de l'argent. Toutefois, les réfugiés ne cessent d'arriver ce qui augmente la mendicité et réduit la capacité de la population à apporter son aide. De plus, les actions du gouvernement peuvent fonctionner si le nombre de mendiants est stable. Par ailleurs, le gouvernement décide d'attaquer les causes et les symptômes de la mendicité. Il met en place une aide active sous forme de prêt pour les pauvres locaux pour leur éviter de tomber dans la mendicité. Il veut déplacer les mendiants des rues dans des refuges et leur fournir un travail. Cette méthode active remplace celle passive des refuges. Les actions contre le problème des mendiants n'a pas débarrassé toutes les rues des mendiants mais elles sont vues comme des succès. Quand les nationalistes perdent le pouvoir, Nanjing perd également son statut. De plus, pour couper avec les nationalistes, les communistes, qui ont succédé, réinstallent la capitale à Pékin. 

Belles de Shanghai de Christian Henriot

L'ouvrage "Belles de Shanghai" traite de la prostitution du XIXe et XXe à Shanghai.
Les chapitres qui nous intéressent soit le 1,3,5 et 7 développe plusieurs aspect de cette prostitution notamment l'impact du développement économique sur ce phénomène, l'identité des prostituées, l'organisation de la prostitution, les trafiquants...

Bref résumé:

Développement économique:
On passe d'une société dominée par le statut à une société dominée par l'argent. Dans ce phénomène, la "prostituée" ou "courtisane" a subi une décadence; que ce soit dans le terme, l'uniformisation des différents groupes de "prostituée" ainsi que dans son statut. Une courtisane était reconnue par la société mais avec l'émergence de nouvelle classe sociale et la montée du capitalisme, les femmes sont devenues des "marchandises". Par conséquent les courtisanes étaient assimilées aux prostituées.

Identité:
Communautaire, majoritairement du Jiangsu. Si au début elles cherchaient à rester avec des personnes de la même régions, celles-ci peuvent aussi se regrouper (exemple: Jiangsu-Zhejiang). Elles étaient généralement issues de familles pauvres (mais pas toujours). Pour ce qui est de l'âge, au XIXe, les prostituées avaient entre 15 et 18/20 ans.

Organisation de la prostitution:
maisons de prostitution: plus souvent dirigée par une tenancière (la maquerelle).
Réseau de trafiquants difficile à démanteler car il utilise beaucoup d'intermédiaires.
Punitions: pour les trafiquants punitions physiques (coups de bambous jusque dans les années 1900), les tenancières pouvaient avoir un châtiment corporel tels que des gifles ou bien une amende.
=> Jusqu'au remplacement par l'emprisonnement.

Raisons de la prostitution:
La misère pousse certaines femmes à se prostituer. Des cas de femmes ayant perdues leurs emplois choisissant la prostitution comme gagne-pain, sont cités dans l'ouvrage. Toutefois, la plupart sont victimes d'enlèvements par des trafiquants ou de ventes/ gages par des proches (parents, oncles, mari etc...).

Trafiquants:
Généralement les personnes qui se sont faites arrêtées pour enlèvements avaient un emploi. Un constat est clair, les femmes participes tout autant que les hommes. Il me semble que ça relève de 45% de femmes et 55% d'hommes.
Les femmes participants sont, pour la plupart, veuves ou célibataires et âgées.