Saturday, May 7, 2016

Analyse d'un ouvrage : Christian Henriot, Belles de Shanghai, Prostitution et sexualité en Chine au XIXe-XXe siècles


Dans ce livre, l'auteur s'intéresse à la prostitution comme un phénomène en lui-même mais également comme le miroir reflétant les évolutions de Shanghai. Tous les aspects de la prostitution sont abordés : qui sont les prostituées ? Les trafiquants ? Pourquoi ces deux catégories entrent sur le marché de la prostitution ? Quels sont les problèmes liés à la prostitution ? Et que font les autorités ? La ville de Shanghai connait une expansion économique de manière brutale, ce qui influence toute la société. Elle est connue comme étant le « Paris de l'Asie » et le « Bordel de la Chine ». La prostitution, comme le dit plusieurs fois l'auteur, est sensible aux évolutions. Dans la tradition chinoise, le fait d'aller voir des prostituées n'est pas moralement répréhensible, il n'y a aucune honte comme cela pourrait être le cas en Occident, c'est même une pratique courante de la vie sociale. C'est une institution complémentaire au mariage. Toutefois, ce milieu a connu des changements. Les élites, autrement dit les lettrés, du XIXe siècle aimaient la compagnie des « courtisanes », cela leur apportait également un certain prestige social. Le terme « courtisane » désigne les femmes qui sont appréciées pour leurs talents artistiques et musicales. Les relations sexuelles ne sont pas obligatoires, il y a tout un rituel avant que le client ne puisse entrer dans la chambre de la courtisane. Cela crée une sorte de relation privilégiée entre la courtisane et le client. Ce monde, plein de séduction, n'existe que parce que les femmes chinoises sont confinées hors des espaces publics et les mariages sont arrangés. C'est le premier parallèle de l'auteur avec la condition des femmes en général. Les courtisanes ne sont pas accessibles à une large part de la population. D'une part, à cause du prix, ainsi que des pourboires exigés pour tout le petit personnel, d'autre part car il y a des règles implicites et des codes qu'il faut connaître. Les courtisanes semblent être des femmes libres, de choisir avec quel client elles auront des relations, et avoir un statut envié. Toutefois, elles sont très surveillées par leur maquerelle, ainsi que par les servantes et les tireurs de pousse, qui ne veulent pas que « l'arbre à sous », comme désignées par l'auteur, s'enfuie avant d'en avoir puiser le maximum. D'autre part, comme cela est souligné par l'auteur, les courtisanes sont surtout décrites par les élites. Or, ces dernières ont tendance à idéaliser ces femmes, de plus, dans leurs écrits, et comme les élites sont associées aux courtisanes, ils donnent une image de ce milieu qu'ils veulent en donner et en donner d'eux-même. Les carrières de courtisanes sont courtes, elles y entrent tôt et en sortent en général par le mariage avec un ancien client. Il existe à côté de ce milieu de prostituées de « bonne qualité », une prostitution populaire mais les sources ne sont pas aussi abondantes que pour les courtisanes. En effet, les élites méprisent ces types de prostitution et les ouvriers, ou plus généralement les couches les moins favorisées n'écrivent pas sur leurs expériences. Le passage à Shanghai, d'une domination de lettrés à celle des marchands et ainsi le passage à une société d'argent favorise la commercialisation et la sexualisation du milieu de la prostitution. Les offres et les pratiques diverses augmentent. La prostitution populaire augmente et le statut des courtisanes diminue. En effet, les marchands n'ont pas la même culture que les lettrés, par conséquent les qualités recherchées chez les courtisanes au départ ne sont plus les mêmes, les marchands ne fréquentent des sortes de « poules de luxe », encore nommées courtisanes même si elles n'en ont plus la formation, que pour le prestige social et le sexe. Les différentes catégories de prostituées tendent à s'uniformiser vers le bas. Les relations de séduction et les rituels avant d'entrer dans la chambre de la prostituée ne sont plus de mises. De plus, l'offre se diversifient, notamment dans les salons de massage ou encore dans les dancings. Les pratiques se diversifient également, par exemple les prostituées considérées comme âgées proposent des services spéciaux pour avoir des clients qu'elles n'auraient pas eu sinon, les clients préférant les jeunes filles. Dans une troisième partie, l'auteur développe l'idée d'une économie de la prostitution. Shanghai est un haut lieu de trafic des femmes. En effet, la division de la ville en trois administrations qui manquent d'une réelle collaboration favorise ce trafic, qui implique des femmes et également des enfants. Lorsque l'on évoque l'organisation de la prostitution, la première idée est quelle est très organisée avec un grand réseau de proxénètes. Dans ce livre, l'auteur montre que ce n'est pas le cas en Chine. En effet, l'organisation est plutôt décentralisée avec plusieurs intermédiaires qui sont impliqués dans ce trafic à des degrés différents mais ils sont rarement membres d'un réseau particulier. En effet, l'auteur distingue deux catégories de trafiquants. Les premiers, les amateurs, rentrent dans ce milieu un peu par hasard, une occasion se présente par exemple. Les seconds, les professionnels sont pour l'auteur à l'affût des femmes, connaissent les besoins du marché et placent les femmes dans les maisons. Les victimes de cette traite sont des jeunes, voire très jeunes, filles, elles pourront ainsi entrer sur le marché au plus vite. Elles sont envoyées dans des provinces éloignées de leur lieu d'origine. Comme cela, elles sont isolées, tant au niveau familial qu'au niveau de la langue. Les filles peuvent avoir différents statuts. Elles peuvent être des esclaves, il n'y a ainsi pas de porte de sortie à part la maladie, la vieillesse, la mort ou le mariage avec un client, souvent des classes défavorisées. Elles peuvent également être gagées, autrement dit elles travaillent temporairement contre une somme d'argent. Ces deux statuts sont plutôt difficiles dans la mesure où la maquerelle exerce une forte pression pour recevoir le plus de clients possibles et donc d'avoir plus de revenus. Les filles peuvent également avoir contracté une dette auprès d'une maquerelle et faute d'un autre moyen de remboursement se prostituent. Enfin, elles peuvent être libres, autrement dit se prostituer de manière occasionnelle. Ces deux derniers statuts procurent à la prostituée une relative autonomie, un peu moins pour celles endettées qui doivent rembourser assez vite leurs dettes compte tenu des taux d'intérêts pratiqués. Les trafiquants sont rarement punis car ils se fondent dans la masse. De plus, les preuves du délit sont souvent difficiles à établir. La prostitution se localise dans certains quartiers de la ville, bien qu'au gré des politiques, ce milieu fasse preuve d'une grande migration. Concernant la maison en elle-même, les intérieurs dépendent de la catégorie, ceux des courtisanes sont plus confortables que celles des maisons de prostitution ordinaire. Toutefois, les lieux, bien que plus ou moins confortables, ne sont pas extravagants. Au contraire, l'ambiance est plutôt neutre pour que les clients se sentent à l'aise. Toutes les maisons, quelque soit la catégorie, seul le nombre varie, emploient du personnels. Ce sont des servantes, des musiciens ou des personnels de service. Toutes ces personnes reçoivent un pourboire de la part des clients. Le montant varie selon la catégorie de prostitution et pour ceux au service des courtisanes, de la réputation de cette dernière. Une des figures importantes de ce milieu est la maquerelle. Dans une société dominée par les hommes il est étonnant de voir un milieu dirigé par les femmes. Les informations sur cette figure sont rares, elles sont souvent dans la littérature des exploiteuses avides d'argent qui ne sont jamais satisfaites du travail des filles qu'elles dirigent. Dans ce milieu, hormis les clients sont en arrière-plan. Leur présence rassure car ils sont les garants de la sécurité de la maison. Par ailleurs, ce milieu est caractérisé par un renouvellement constant, ce qui n'est pas étonnant en prenant en compte la durée de carrière des prostituées. La dernière partie du livre est consacré aux politiques des différentes autorités. Lors de la présence des concessions, il n'y pas de politique uniforme sur tout le territoire de la ville. Cela est du au manque de collaboration des trois administrations qui sont parfois rivales. La première approche est tout d'abord réglementariste. Les autorités en général ne souhaitent pas l'éliminer mais surtout la contrôler en procédant à des enregistrements. Ces politiques sont nées de l'ampleur du phénomène et le problème des maladies vénériennes. Dans un second temps, la politique abolitionniste émerge. Elle est caractérisée par une approche morale, influencée par la religion et les pays étrangers comme les Etats-Unis. Elle trouve une attention particulière auprès de la communauté étrangère résidant à Shanghai mais pas auprès de celle chinoise qui a plus une dimension « pratique ». Certains commerçants sont contre car la prostitution peut créer des nuisances pour leur commerce, c'est donc plus pour un intérêt économique qu'ils se mobilisent plutôt qu'une considération morale. Le manque de moyens et de collaboration met fin à la politique abolitionniste, le retour à la tolérance prime. Toutefois, les nationalistes, ayant comme objectif de redonner une dignité à la Chine et de faire de ce pays un pays puissant, arrivent au pouvoir. Ils n'essaient pas d'éliminer la prostitution, ni de la réduire, ils occultent un partie du problème au nom de la modernité. Après la colonisation japonaise, le gouvernement nationaliste reprend le contrôle de la ville et cette fois-ci sur tout le territoire de Shanghai. Une politique d'enregistrement est mise en place dont le but final est la réduction du phénomène.Toutefois, les maisons de prostituées clandestines échappent aux autorités pour la plupart. De plus, cette politique manque de moyens et de structures d'accueil pour recevoir les prostituées sorties de ce milieu. Deux institutions sont citées dans le dernier chapitre du livre, la première est née de missionnaires protestants et la secondes de marchands conformément à la tradition chinoise d'aider les plus pauvres. Elles accueillent par exemple les prostituées qui se sont enfuies ou essaient de repérer les trafiquants sur les quais de gare. Pour les missionnaires, l'approche a toujours une dimension religieuse avec une éducation morale et la lutte contre le mal de la nature humaine alors que les marchands considèrent que la prostitution est un problème social et qu'un des moyens de le résoudre passe par les réseaux pour retrouver les familles dans les provinces d'origine. Toutefois, ces institutions participent à la condition de la femme en Chine. En effet, la sortie de ces centres se font soit par un retour dans la famille, soit par le mariage ou encore plus rare un emploi. Autrement dit, la femme n'est pas un individu responsable, elle ne peut pas subvenir à ses besoins seules.
A travers ce livre, divers aspects de la prostitution sont éclairés, la partie économique, culturelle ou encore sociale. Il y a un aperçu global du phénomène et également à une échelle plus petite au travers de différents exemples de la presse ou encore des archives de police. Toutefois, il est vrai que pour certaines parties, la curiosité pousse à se poser encore plus de questions, notamment sur la partie des courtisanes. En effet, faute de sources, et ce n'est nullement la faute de l'auteur qui a produit un travail de recherches qui semble considérable, les témoignages de courtisanes et plus généralement de prostituées manquent. Il serait intéressant de connaître le point de vue de ces différents groupes et la vision qu'elles avaient d'elles-même. Ce manque apparaît d'autant plus que, comme le souligne l'auteur, les élites ont un point de vue biaisé et que les prostituées parfois ne déclaraient pas toute la situation des maisons de prostitution à la police. De plus, le problème des sources disparates ou muettes apparaît plusieurs fois dans le livre. Comparé à d'autres objets d'étude, la prostitution ne fournit pas de données précises sur tous les aspects du phénomène, et on comprend bien cela, mais cela est parfois frustrant pour le lecteur. Toutefois, l'auteur n'affirme pas ce qui n'est qu'une hypothèse plausible, en utilisant des « j'ai l'impression que » et « par mes lectures je pense que ».

Wednesday, May 4, 2016

Analyse de l'ouvrage "The Teahouse : Small Business, Everyday Culture, and Public Politics in Chengdu, 1900-1950"

Di Wang est un spécialiste de l’histoire sociale et culturelle de la Chine moderne. Son livre, The Teahouse : Small Business, Everyday Culture, and Public Politics in Chengdu, 1900-1950, publié en 2008, est un ouvrage d’analyse portant sur la ville de Chengdu, en particulier durant la dynamique de modernisation à laquelle elle dut faire face.                                                                                          Dans son livre, Di Wang nous dresse un portrait des maisons de Thé de la ville de Chengdu entre 1900 et 1950. Son but ici est de démontrer qu’à cette époque, les maisons de thés, en plus d’être des lieux de détentes et de loisirs étaient aussi les premiers lieux de résistances. Nous allons voir ici quel rôle et quelle image donne-t-il de ces maisons de thés. Selon lui, le salon de thé représente un microcosme de la société en général. L’étude des maisons de thé est pour lui, un moyen  de connaitre la ville chinoise et la culture quotidienne. De par cette analyse, on examine les changements économiques, sociaux, et culturels qui sont canalisés dans ces maisons de thé à Chengdu durant la première moitié du vingtième siècle. De plus, la culture de longue date et les coutumes locales qui réside à Chengdu doivent constamment résister aux vagues d’occidentalisation, qui tendent à imposer des transformations modernes et parallèlement avec la croissance du rôle de l’Etat. Dans cet ouvrage, l’auteur aborde le sujet des maisons de thés sous différents angles, d’un point de vue historique, notamment le rôle qu’ont joué les maisons de thé dans l’histoire urbaine. Dans cette partie, il nous détaille les 3 approches qui ont été suivie par différents chercheurs. La première, fut faite par des japonais dans les années 1980. L’un d’entre eux, Suzuki Tomo publia un article sur les maisons de thés du Zhejiang et Jiangsu sous la période des Qing. Décrivant alors les gens se servaient des maisons de thés pour les activités sociales tels que la détente, la discussion et le jeu. Cependant, il a également reconnu qu’ à cause d’un manque de sources, son analyse n’est pas très développée et qu’il ne pouvait donc pas répondre à la question qui était de savoir comment étaient gérées les maisons de thé. Les arguments majeurs de ces chercheurs étaient que le développement des maisons de thé reflétait l’extension de l’espace publique urbain et qu’elles jouaient un rôle complexe dans la société urbaine. La seconde approche, considère les maisons de thés comme une unité de base de la structure sociale, et comme un des nombreux facteurs modelant l’histoire urbaine de Chine. De ce point de vue, les maisons de thés étaient donc utilisées comme des « terrains » où les disputes et débats étaient établies par de nombreux clans d’associations, professions, sociétés, qui incluaient pratiquement tous les membres des élites locales influentes. C’est effectivement à ce moment-là que les chercheurs émettront l’hypothèse que les maisons de thé servaient également de lieux de rassemblements pour les mouvements protestataires. L’auteur nous explique que c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les maisons de thé vont être les cibles des contrôles du gouvernement. A cette époque les rassemblements ne pouvaient pas se faire dans les habitations étant donnée le nombre trop important de personnes, de ce fait, les maisons de thés étaient les seul lieux publiques à pouvoir permettre ce genre de rassemblements, comme par exemple les mouvements de grèves et de révoltes. En préventive pour ce genre de mouvements, les politiques envoyaient des policiers en civil dans les maisons de thés pour surveiller ce qui s’y disait. La troisième approche, plus récente, considèrent les maisons de thé comme une ère de conflits sociale, culturelle, et politiques entre les élites et les gens ordinaires, et entre l’état et la société. Durant le mouvement moderniste du XXème siècle, les maisons de thés et les cultures de thés ont semblés entre faible et vulnérable, sujette à des régulations incessantes, attaques, et réformes, mais en réalité elles ont démontrés leur dynamisme et persistance. L’un des autres aspects que donne l’auteur des maisons de thé, est celui de petits business important dans la vie quotidienne de gens de Chengdu. Il nous décrit les maisons de thé comme de petits business car elles opèrent dans de petites capitales, occupent peu de place, quelques employés, et généraient des profits maigre. La plupart des propriétaires de maisons de thé étaient de petits commerçants, qui oscillaient constamment entre pauvreté et classe moyenne. De plus, la majorité d’entre eux étaient des Sichuanais. L’auteur nous explique que cela est dut au fait que les maisons de thé étaient le symbole fort de la culture locale et des traditions  et qu’il aurait donc été difficile pour un propriétaire qui ne parlait pas avec un accent sichuanais d’attirer des clients. De par cette explication, l’auteur nous donne l’image de maisons de thé comme celui d’un symbole de résistance à la modernisation. L’auteur aborde également un point important concernant les maisons de thé et la société chinoise dans son ensemble, celui des Guildes. Le rôle de ces guildes était d’organiser la profession autour d’un intérêt commun et assurer une structure de prix unifié. Pour cela les guildes doivent négocier avec le gouvernement et devenir un intermédiaire entre les maisons de thés et les autorités locales. Durant la Chine et impériale et républicaine, ces guildes ont joué un rôle important dans vie économique urbaine et la société. A Chengdu, tous les propriétaires de maisons de thé devaient rejoindre la guilde. Au fil des années elle a évolué, passant d’une organisation autonome à celle d’une guilde plus dépendante. Enfin, l’auteur nous montre également les changements et évolution de la société à travers celui des maisons de thés. Notamment la féminisation des emplois. A cette époque, la majorité des serveurs étaient des hommes, mais durant la guerre de résistance (37-45), les femmes commencèrent à travailler en tant que serveuses. Dans la société chinoise, les femmes ont été d’importantes contributrices à l’économie, principalement à travers l’artisanat à domicile comme le filage, tissage. Dans les zones rurales, elles étaient assignées aux corvées à la ferme, et également à la prostitution. A Chengdu en 1939 l’arrivé de ces femmes, attire de nouveau l’attention sur les maisons de thé. Dans les changements qu’ont subis les maisons thés, nous avons l’apparition de théâtres. Cette innovation va permettre alors aux maisons de thé, de passer de sanctuaire exclusivement réservé à l’homme à un endroit mixte. Cependant les femmes et les hommes n’étaient pas mélanger, et devaient communiquer par l’intermédiaire des serveurs. Les maisons de thé théâtre ont été les premières à autoriser les femmes. Mais tout de même avec un encouragement du chaperonnage des femmes car de ce fait, elles attiraient plus de clients masculins. Il faut avoir l’autorisation de la police pour pouvoir permettre aux femmes de venir dans les maisons de thé. L’entrée des femmes dans les maisons de thé va permettre de pouvoir augmenter le profit. Ces maison de thé théâtres sont devenues, en plus d’être un moyen de divertissement, un lieu où les élites homme et femme pouvaient se socialiser tout en regardant un spectacle. Et surtout un moyen de « rencontrer l’amour ». Pour conclure, l’auteur nous décrit avec précision la société chinoise et ses changements sous tous ses angles à travers les maisons de thés. Nous démontrant alors que les maisons de thé étaient plus que de simples lieux de détente mais un élément essentiel au sein de la société chinoise de cette époque.  


Source : Di Wang. The Teahouse: Small Business, Everyday Culture, and Public Politics in Chengdu, 1900–1950. Stanford, Calif.: Stanford University Press. 2008. Pp. xiii, 355.

Analyse d'un ouvrage au choix

Ouvrage: Frederic Wakeman, "Policing Shanghai, 1927-1937" 

Inroduction

            La configuration de la ville de Shanghai rend la justice difficile à appliquer. Dans cet ouvrage Wakeman nous parle notamment de la marée chaussée de Shanghai et de son évolution sur dix ans de 1927 à 1937. L’étude de la police municipale chinoise ainsi que le « crime » à Shanghai est complexe. Shanghai a une géographie particulière, celle-ci est composée de trois concessions, avec pour chacune une justice propre ; concession française, concession étrangère et municipalité chinoise. Chacune a donc ses forces de police surveillant un territoire précis. Il est donc très facile de commettre un crime ou un délit, on peut se réfugier dans une autre concession afin d’échapper à la justice. Si cette structuration de la ville est un élément important, elle met en avant un aspect qui l’est tout autant. La ville est cosmopolite, elle est donc sujet à une présence internationale et communiste, ce qui peut entraîner des désaccords et un potentiel conflit entre plusieurs partis. L’ouverture à la modernisation et au « monde » de Shanghai fait émerger une concurrence accrue et parfois jugée « déloyale » par la population chinoise. En parallèle, les lieux deviennent de plus en plus attractifs et de nouveaux loisirs se crées en même temps qu’une nouvelle « classe » émerge. On assiste donc à une ville contrastée par plusieurs facteurs. Si l’on souhaite une ville purement contrôlée, il faudrait donc une coopération des instances de polices des différentes concessions, mais ce cadre est quelque peu idyllique car toutes sont régit par une justice qui diffère des unes et des autres.
            Afin de mieux percevoir l’analyse de cet ouvrage, nous allons diviser ce corpus en deux parties. La première sera un bref résumé de l’ouvrage pour ensuite faire une partie analyse tentant de donner des critiques positives et négatives de ce dernier.

I/ Résumé de l’ouvrage

La structuration de la ville et de ses organismes est une initiative des élites lettrés. Ils mettent en place dans un premier temps : les travaux publics, le levé de l’impôt et instaurent un ordre public. Dans les concessions étrangères on assiste à un modèle différent qui vient de l’occident. Dans les débuts, la municipalité chinoise à Shanghai est donc composée d’une force de police, mais qui n’a pas de domaine précis d’action. Elle doit se contenter de surveiller la ville et réprimander si besoin est.  De 1927 à 1937, la ville est contrôlée par un gouvernement nationaliste possédant des ambitions très précises pour l’état, notamment : la modernisation dans un contexte explicite de rivalité avec les concessions étrangères. En parallèle de ce processus, plusieurs domaines vont être mis en place, tel que le contrôle social.

La lutte face au crime à Shanghai est très différente d’autres villes telle que Chengdu où l’on voit deux catégories de crime, que sont : le crime politique et le crime de la population. Cependant les quelques crimes à Shanghai sont des crimes plutôt communs (ex : passionnel). Face à ce constat, l’arrivée des sciences sociales vont inciter le gouvernement à vouloir mesurer les crimes sur le territoire, le résultat montre une augmentation nette. Frederic Wakeman nous parle même d’une « épidémie du crime » à Shanghai.
Cet ouvrage met en avant une vision fantasmagorique de la justice à Shanghai. Beaucoup des membres de grandes organisations du crime sont arrêtés et jugés, mais ils sont seulement des informateurs ou intermédiaire. A contrario, les criminels, sont nommées à de haut rang.

La maréchaussée de Shanghai date des années 1860 lorsque les populations fuyaient la révolte des Taiping. A ce moment-là une garnison se chargée de sécuriser la ville. Durant la même année, une Patrouille préventive a été créée Baojia (collective), une réforme la transforme en Patrouille et arrestation. Avant l’arrivée des nationalistes dans la ville, le système policier à Shanghai était dominé par la noblesse marchande qui, ont également établi un quartier général de Police. L’arrivée des nationalistes en 1927 a fait venir à Shanghai un nouveau leader et une incertitude dans le maintien de la stabilité de la paix en ville.
De manière général, la pègre de Shanghai a estimé 100 000 voyous. La majorité vivent de la vente illicite de l’opium (interdit en 1917). Différentes organisations criminelles s’installent, allant de l’organisation des mendiants à celle de prostituée ou d’opium. Wakeman met en avant les relations qu’entretiennent des gangs avec la police chinoise, nous pouvons donner l’exemple du « Green Gang » qui ont des complices dans la police chinoise.

La structure de l’administration policière a subi une évolution dans le temps, au fur et à mesure, on voit une nouvelle conception de celle-ci, plusieurs critères sont donc instaurés : différenciation entre le rôle politique et le rôle administratif de l’institution, un but et orientation précise, centralisation de la police, étendre les activités légales et administrative centrale. C’est une forme de modernisation souhaitée par le gouvernement. On distingue trois grands facteurs importants à Shanghai : Service de santé publique, la croissance économique et l’ordre publique.
La direction du PCC (Parti communiste chinois), quitte Shanghai en 1931 car la coopération « anti-communiste » se transforme en collaboration. Une gendarmerie est créée également et existe en parallèle de la police de Shanghai. L’administration est financée par les impôts, elle s’inspire du système japonais et américain dans la mise en place d’organisation spécifiques et de patrouilles. Cependant, le système du Baojia reste sur les mêmes bases ; la police est au cœur du système. Celle-ci est prise en permanence entre deux objectifs qui sont de gérer les tâches politiques et sociales.

II/ Critiques

            Dans son ouvrage, Wakeman nous détail de manière explicite l’évolution de la marée chaussée à Shanghai. Il met en avant plusieurs arguments en ne perdant pas de vu certaines coopération gang-police ainsi que les incompréhensions dans l’élection de criminel reconnu. Toutefois, s’il suit correctement la chronologie de la police à Shanghai et met en exergue des éléments pertinents tels que : la description des criminels, l’implication de la politique etc… Il a une tendance à accentuer cette visions d’« épidémie criminelle ». Dans son ouvrage il écrit, que dans les années 20, on constate une « épidémie de crime » dans les rues de Shanghai plus précisément dans les quartiers étrangers. Il étaye son argument via un graphique : 1922 moins de 50 à 1927 plus de 450 vols à mains armées. Mais, Ce qu’il nomme de crime représente en majeur partie des vols. Maintenant, il faut mettre en évidence un fait, certes les « crimes » ont augmenté de par l’arrivée des occidentaux et de l’argent dans les territoires, toutefois, c’est également le début de ce souhait de mesurer la criminalité avec les sciences sociales.
Pour ce qui est de la vente d’opium, elle a été interdite à partir de 1919. Les « commerçants » dans ce secteur qui pratiquait une activité légale en Chine, se retrouvent considérés comme pratiquant une activité illégale.



Référence: Frederic Wakement, Jr, “Policing Shanghai, 1927-1937”, Berkeley and Los Ageles: University of California Press, 1995

Thursday, April 21, 2016

Paulès, Xavier. Histoire d’une drogue en sursis: l’opium à Canton, 1906-1936


Le pavot dont on tire l’opium a pour principale composant la morphine, sa qualité est différent selon sa région de provenance, connu depuis les Tang en 618-907, utilisé et connu auparavant dans le domaine médical avant d’être une drogue sous les Ming en 1368-1644, pour finalement devenir un fléau sous les Qing, elle connaît une forte consommation chez les élites et économistes de l’empire. L’opium importé d’Inde en Chine via Canton avait un rituel particulier à l'utilisation " allongé et la tête poser sur un oreiller" . Au milieu du XIX siècle la Chine produit elle même son opium dans le Sud-Ouest, devient un grand producteur et limite ses importations extérieures. A partir de 1906, le pays veut réduire la consommation et passe à un plan anti-opium « plan de dix ans ».  En 1936, sous le Guomindang , la lutte anti-opium  se renforce par une taxation et un monopole d’Etat. Pendant longtemps la consommation d’opium n’était pas considéré comme une politique impérialiste mais un phénomène social. Souvent mépriser et revendiquer comme un « empoisonnement des occidentaux ». L’étude de Paulès, se base sur une période précise de 1912 – 1936 et dans une province précise : Canton. 
L’opium était une denrée fortement taxée. Lorsque la morphine et l'héroïne arrivent sur le marché, elles ne sont pas légalisé car c'était un concurrent de l'opium...En effet , après 1920 la Chine connait également « Yantiao: la production d’opium à bas prix » concurrent de l’opium officiel chinois. 
Mais Macao continue à tenir son monopole d’opium indien avec une partie réexpédier vers la Chine. Paulès pose la question du poids de la consommation d’un fumeur chinois dans son budget ? 
Pourquoi une contrebande n'a jamais réussi à concurrencer le monopole d'Etat? Comment se fait-il que cette propagande anti-opium n'a pas connu de mesure plus drastique? On pourrait alors se poser cette fameuse question qui  etait-ce vraiment un phénomène social ou tout simplement une politique impérialiste?  
En 1935, on revendique la suppression des fumeries et les autorités recherchent une ligne d’entente, un compromis entre leurs propres intérêts, les besoins des fumeurs mais aussi les revendication des opposants à la drogue. La consommation d’opium devient l’étiquette de Canton. On décide alors de limiter les fumeurs dans les endroits publics. Il y’a eu une forte consommation dans les fumeries mais aussi dans les maisons . Dans les lieux publics  comme bordels, hotels, restaurants, la consommation d’opium est proposée comme une prestation.Deux types de clientèles fumaient au domicile : les cantonais aisées plus précisément les femmes, en effet ne se voyaient pas aller dans des bordels ou fumeries et les plus pauvres car ils n’avaient pas les moyens d’aller dans les fumeries.
Paulès pointe que la consommation d’opium n’occupe pas vraiment de place dans les lieux publics, les plaintes sont spécifiques aux fumeries implantés dans la ville.  On remarque que Canton n’est jamais décrite comme une ville sous l’emprise massive de l'opium, tout est ramené à Honam. Ainsi Canton apparaît comme ville-modèle.
La période 1907-1925 : les fumeries étaient le plus souvent interdites, voir tolérées, l’Etat était incapable de supprimer les taxes sur les fumeries puisque c’était devenu une source de revenu, mais tenter le plus souvent de contrôler et taxer l’approvisionnement. Des dispositions telles que l'interdiction à l’accès des fumeries a une certaine heure et une fermeture imposée à minuit + interdiction de loger les clients pour la nuit, ainsi ces règlements influent le fonctionnement des fumeurs et donc restreint l’accès aux fumeries à une certaines catégories de consommateurs. 
1937 : inauguration de clinique de désintoxication lors de l’occupation japonaise. Une grande partie des fumeurs sont issus des couches les plus populaires comme les tireurs de pousses , il nous faut rappeler que l’opium officiel coûte cher et devient une charge importante dans le budget familial d'un chef de famille. Paulès pose la question de la définition de ce qu’un « fumeur d’opium »  ? Est-ce un  consommateur qui fume occasionnellement ou un consommateur qui la fume tous les jours?  Une limite nette se crée entre les fumeurs d’opium et les opiomanes.