Wednesday, April 5, 2017

Lao She, « Le tireur de pousse-pousse »

« Le tireur de pousse-pousse » est un roman de l'auteur chinois Lao She, écrivain de renommée internationale, à propos de la vie d'un tireur de pousse-pousse à Pékin. Ce personnage est fictif, mais en même temps, plutôt réel aussi. Le livre est considéré comme un classique de la littérature chinoise du XXe siècle. « Le tireur de  pousse-pousse », le plus célèbre roman de Lao She, nous raconte les aventures de Siang-tse (le Chameau) dans un Pékin des années 1920/1930. Le livre représente un roman du petit peuple de Pékin, un Pékin qui n’existe pas aujourd’hui et que Lao She nous le présente de façon légère, via le personnage honnête et naïf de Siang-tse. Son grand but est de posséder son propre pousse-pousse à lui. Le roman marque un point crucial dans la carrière littéraire, mais aussi dans le destin personnel de Lao She. Il nous conduit dans les rues de Pékin et nous raconte une autre vie, pendant une autre époque, d’une autre culture avec ses traditions, ses habitudes et ses misères. C'est un roman entièrement et intérieurement humain. 
Ce livre m’a aidée de comprendre et découvrir un autre monde, le monde de la survie. Je suis rentrée dedans, dans la tête de Siang-tse, dans ses pensées, dans leurs modifications et progression, dans sa mentalité de paysan qui rêve de succès, dans ses valeurs, dans son idée de perfection. Siang-tse nous découvre la ville. Après, on s'aperçoit qu'il est content d'être en ville, il est vraiment devenu un véritable tireur de pousse-pousse de Pékin, avec une ambition de devenir un tireur de classe haute. Parallèlement, on voit la transformation du personnage. On a l’impression d’être un client de Siang-tse et aller en pousse-pousse dans les différents chemins de la vie d'un tireur : les particuliers, les maisons de thé, dans les garages… Les différents lieux à Pékin, les endroits connus et fréquentés, les quartiers, les portes, les rues… Tout ca nous guide a découvrir un univers qu'on connaît mal.
L’histoire de Siang-tse est celle d’une personne qui « mute » au fur et à mesure à cause de ses expériences positives et négatives, et on suit avec impatience ses débrouilles avec la société, la ville, la moralité des gens et la mentalité, ses débrouilles de temps en temps humoristiques, mais beaucoup plus souvent tragiques. On voit une critique sociale qui est omniprésente. L'auteur essaye de nous décrire une société sans beaucoup d'espoir. Il y a parfois des passages très jolis, on est à Pékin et les alentours, les ponts, les temples, ces scènes de rue, le petit peuple, les activités, les professions, les cérémonies, la grandeur de la ville, les tempêtes de pluie, la neige, la chaleur... L'auteur rend de façon très sensible et fragile le passage des saisons et le changement de temps. Mais tout est distant, on s’attache plus sur la vie de Siang-tse et la société. Le lent processus d'écrasement de cet homme damné, par la société. Il y a plusieurs moments touchant, mais surtout le moment quand il se retrouve devant le vieux tireur de pousse et son petit-fils et il se projette en eux.
Le héro, avec le désespoir de plus en plus présent dans son cœur, croise sur sa route des individus avec des histoires émouvantes : vieux tireurs de pousse-pousse soumis à la misère, filles de familles pauvres vendues par leurs parents, ou même prostituées. De l'autre coté, se trouvent des individus méchants mais qui réussissent, policiers corrompus et concubines qui vivent en suçant l’argent de leurs hommes. Lao She nous présente une société limitée, où seuls les riches, les plus débrouillards et les moins honnêtes peuvent survivre. 
C’est une histoire très simple, mais riche. L’histoire d'un simple tireur de pousse qui n'a qu'un seul but dans la vie : avoir son propre pousse et se débrouiller tout seul. Par ce livre, on voit le danger du métier – graves problèmes de santé et fatigue, souvent résultant avec mort. Enfants, adolescents et personnes âgées qui pratiquent le boulot pour pouvoir survivre et aider la famille. Les relations entre les propriétaires et les locataires. Les différents statuts d’un tireur de pousse-pousse et son client, les moments de négociations, insultes et comportement par les deux côté. Les différences entre les conducteurs de pousses-pousses eux-mêmes. Différents niveaux d’éducation, comportement, connaissances, culture générale, façon de s’exprimer, etc. Dans quelques situations, on voit aussi l’action collective des tireurs si besoin, ils agissent et intercèdent ensemble. Les tireurs de pousses-pousses sont restés la couche sociale la plus sensible et la plus touchée de chaque changement social, urbain, économique ou politique. Lao She nous montre en parallèle la situation en Chine et Pékin avant la guerre et nous révèle la vie du peuple normal dans la ville, leur destin et leur futur anticipé, et il nous montre la violence de cette société, les relations entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes, les conditions de vie des femmes des différentes classes (Tigresse et Petite Fou-tse), et surtout, les conditions de vie des tireurs de pousse-pousse.


            Personne n'a compris la signification du pousse-pousse dans le panorama pékinois mieux que le romancier Lao She. Pourquoi il a choisi le pousse-pousse et son tireur comme « acteurs » principaux dans son œuvre ? Dans tout les cas, il capture parfaitement la place de ses personnages dans la société de l’époque, leur utilisation, comment les gens les traitent, l’impact de l’urbanisme et la modernisation et les circonstances de vie. Au final, Siang-tse est un paysan attiré par la ville et l'odeur de l'opportunité urbaine, et il est en même temps un symbole, raison et résultat des problèmes troublant la société actuelle de Pékin.


RISTEVSKA Ivana

Master 1 LCSA Chinois

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