« The Goddess » |
Le film « The
Goddess » s’inscrit dans la tradition des films de critique sociale de
l’époque. Réalisé par le réalisateur Wu Yonggang (qui a été inspiré pour avoir
une carrière cinématographique spécifiquement reliée avec les conditions de vie
des prostituées), le film muet « 神女 » est un spectacle trompeusement
moderne de l’époque, sur l'un des plus anciens sujets dans le monde : une
femme, née dans un monde des hommes, luttant désespérément pour améliorer et
faciliter la vie de son fils. Le titre du film est une façon Shanghaienne de
décrire une femme qui vend son corps. Shanghai,
les années 30, « femme des rues » la nuit, mère dévouée la journée. Une
femme sans identité (Lingyu Ruan) se bat pour obtenir une éducation correcte
pour son fils, au milieu de l'injustice criminelle et sociale en Chine. Les
seuls « hints » de sa profession désagréable sont les robes ornementales
accrochées au mur et l’environnement appauvri dans l’appartement. Ruan joue une
prostituée qui utilise ses revenus durement gagnés pour soutenir et éduquer son
fils. L'héroïne est forcée d'entrer dans la plus ancienne des professions, car
c'est le seul moyen pour elle de survivre et de pourvoir fournir d’éducation à son
enfant. Tout simplement, « The
Goddess » capte la misère et le désespoir de la Chine à l'époque. Ruan est
un symbole de la souffrance en Chine. Seulement en tant que prostituée elle
pourrait soutenir son enfant et lui offrir une vie simple et pas dangereuse, ce
qui était une rareté à cette époque la à Shanghai.
Une intrigue
assez simple, mais en même temps une histoire vraiment captivant. Même si c’est
un film muet et noir et blanc, la performance magnifique de l’actrice a attiré
mon attention. La façon dont elle exprime la tristesse et le mécontentement de
la société momentanée, étant une mère merveilleuse et une prostituée effrayée,
est tout simplement émouvante.
En se cachant de
la police, elle finit par s'impliquer avec un parieur, qui l'exploite en
menaçant son enfant. Leur vie commune devient l'enfer, les voisins ne
permettent pas à leurs propres enfants de jouer avec le fils d'une femme
moralement corrompue. Nous voyons sa tendresse en berçant son bébé, la terreur
quand le « boss » la menace de prendre son enfant si elle ne suit pas ses
ordres, la joie quand son fils a de la chance de s'échapper de la saleté de la
société qui la martyrise et la maltraite, en allant à l'école. D'autres fois
Ruan transmet la colère, l'amertume, la tristesse et la frustration de la
situation actuelle. Une scène particulièrement frappante est le moment où elle
« négocie » avec le vieux directeur pour garder son enfant à l'école
malgré les plaintes des familles les plus « respectables ». Cette scène
met également l'accent sur les thèmes de vulnérabilité et de victimisation qui
imprègnent la vision sociétale du film. Dans quelques excellentes scènes, le
réalisateur et l’actrice mettent l'accent sur des thèmes marquants de la
société actuelle, tels que la pauvreté, la souffrance, la division de classes,
la mentalité, mais aussi la place des femmes.
Tout ces sujets
sont clairement et mémorablement cristallisés dans le film. Deux personnages
opposés sont le « boss » de la prostituée, qui la menace et l'utilise
pour sa propre cupidité, et le directeur de l’école, socialement conscient qui
au bout d’un moment réalise sa dignité et sa valeur, en luttant contre les
restrictions d'un « environnement toxique ». Condamnée à 12 ans de prison pour
avoir tué le « boss », elle accepte l'offre du vieux directeur,
d'adopter et d'éduquer son fils. Elle retrouve la joie, en sachant que son fils
échappera au piège social de la pauvreté et de la dégradation, ce qui a détruit
sa vie. Il ya des moments merveilleux dans ce film. « La Divine» blâme la
ville de Shanghai elle-même pour son échec, elle accuse la ville (et la société
à l'intérieur) pour son incapacité à survivre normalement. Montré brièvement
pendant la nuit, la ville n'existe que comme des lumières dans une obscurité
complète. Même si « The
Goddess » est un film muet chinois de 1934, ses thèmes et la performance
audacieuse de Lingyu sont fondamentalement aussi pertinents et percutants
aujourd'hui. Surtout dans une nation où les attaques contre les droits des
femmes semblent encore être en vogue. C'est la ville de Shanghai qui est
représentée comme une vilaine dans le film, plutôt que le gangster joué par
l'acteur Zhang Zhizhi, principalement à travers plusieurs encarts, des images
de la modernité, représentant une ville sans sommeil - de grands bâtiments dans
la nuit et des lumières étincelantes. À un moment, Ruan regarde profondément
dans la nuit de Shanghai et, devant son fils, exprime le désir de courir de la
ville (et de sa société) qui ne lui permet pas de mener une vie normale.
« The Goddess », nom métaphorique, témoigne de la condition des
femmes à Shanghai à cette époque.
« La Divine »
est réalisé dans une période de transition entre le cinéma muet et le cinéma
sonore, du coup le cinéma chinois est partagé : d’une part, le cinéma soutenu et/ou
censuré par les communistes et d’autre part, le cinéma soutenu et/ou censuré
par le parti nationaliste. D’ailleurs, l’environnement empêche le réalisateur
Wu Yonggang de montrer plus ouvertement la condition des prostituées. Le Shanghai
de 1934 est un piège moderne, corrompu et inéluctable.
Sources :
RISTEVSKA Ivana
Master 1 LCSA Chinois
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