Malraux André, « La condition humaine »
La condition humaine est un roman d’André
Malraux paru en 1933.
Ce roman ponctue une trilogie entamée en 1928 avec les
conquérants et poursuivi avec La voie royale en 1930. Il lui valu le prix
Goncourt l’année de sa parution. L’œuvre découle de l’expérience personnel de
l’auteur qui a lui-même assisté aux premiers soulèvements insurrectionnels en
Chine. De nombreux analystes le considèrent comme la base de l’existentialisme
d’après guerre dont certains écrivains comme Sartre ou Camus étaient les chefs
de file.
Malraux structure son roman d’après la
chronologie des événements qu’il relate. La narration le 27 mars 1927 pour s’achever au mois
d’avril de la même année. Elle s’inscrit dans une contexte historique trouble
pour la Chine. Lorsque s’enclenche le
récit, les troupes de Tchang Kaï-Chek marchent sur Shanghai. Les communistes
préparent leur arrivé dans l’optique de faciliter le prise de la ville, misant
sur les soulèvements d’ouvriers locaux. Le communisme monte et inquiète les ambitions
de Tchang Kaï-Chek. Soucieux de conserver les raines du pouvoir, il se retourne
contre les communistes avec l’appui des occidentaux présents sur place. Ces
derniers, souhaitant éviter la mise en place d’un gouvernement communiste qui
les éjecterait de leur position, constituent un soutien financier déterminant
pour le général. Ainsi, les communistes de Shanghai perdent le soutien du
Kuomintang. Le 12 avril 1927, Tchang Kaï-Chek fait exécuter la majeure partie
des dirigeants communistes avec l’aide des Bandes vertes, société secrète
criminele.
En
toile de fond de ce récit évolue la ville de Shanghai. Elle doit l’intérêt que
lui portent les diverses puissances en marche dans le récit à sa position
stratégique. En effet, outre l’importance de son port de commerce, elle
bénéficiait de l’implantation de vastes cités occidentalles par les concessions
françaises et internationales administrées par des municipalités européennes.
De plus, à proximité de la ville, dans ses faubourgs industriels, évoluait un
prolétariat de plus de 3 millions de personnes dont la majorité travaillait
dans les usines de textile et d’armement.
Elle
se manifeste pour la première fois dans l’incipit, s’imposant comme seule
source de lumière qui s’oppose aux ténèbres de la chambre où Tchen donne la
morte. Elle s’étends alors sous ses yeux, comme une trace lumineuse couchée au
bord du fleuve Houang-pou. Par la suite, l’ombre gagne du terrain. Elle avale
les couleurs de la ville, ses lumières. La mort envahit tout et plonge la
narration dans une atmosphère pesante rythmé par l’impérialisme de l’immédiat.
Le style heurté de Malraux donne des impressions d’histoire vivante. On ne se
la représente plus en simple spectateur qui avale des dates et des faites. Les
délibérations internes des personnages nous poussent sur le devant de
l’histoire, nous obligeant à nous confronter au contexte, à comprendre et à
admettre les décisions d’individualités dans un univers où l’individualité
s’annihile et tombe à chaque instant. Se pose alors la question de la condition
humaine. Les destinées semblent s’imposer d’elles-mêmes. Les personnages ne se
cherchent que peu de temps, poussés en avant par la nécessité de se trouver
avec promptitude. La proximité de la mort, i.e. son omniprésence, les poussent
à se rapprocher de Dieu ou plutôt à s’y identifier. Ils ne croient plus en Dieu
mais se prennent pour lui.
La
grandeur des idéaux avale les individualités. Cet avalement se manifeste de
façon prononcé dans le cas de Tchen. Il s’y jette de manière conscient, se
plongeant la tête baissée dans le piège d’une mort inutile pour servir une idée
qu’il explique lui-même en mots flous. En réalité, cette idée il la pressent et
l’éprouve mais ne la comprend qu’en partie. Elle guide son existence et la
remplit. Elle en déborde même, trop grosse pour qu’il l’assimile dans son
ensemble.
Par
opposition, Malraux présente le personnage de Clappique. Celui-ci ne se laisse
pas happé par les idéaux révolutionaires. Il se conforme à son égoïsme. Son
existence, il l’emplit de fausses biographies, revêtant divers costumes selon
les occasions. Bien loin des valeurs traditionnelles (notamment l’amitié, comme
nous pouvons le constater pour l’arrestation de Kyo), il se heurts sans cesse à
son propre vide.
Les personnages representent des stéréotypes
de cette période. Tous s’unissent dans la solitude, sur le fond grisâtre et
brumeux des rues dévastée de la ville et nourrissent les prémisses des révoltes
à venir. La fin de l’œuvre laisse présager la continuité de la lutte facilitée,
outre les précédents, par le retrait du Consortium. L’action du roman, concentrée
en seulement quelques jours, se situe à Shanghai en 1927, dans une Chine
politiquement décomposé, dominé économiquement par les nations étrangères.
Enfin, bien loin de se limiter à un simple
inventaire d’actions, Malraux jongle avec les tonalités et les modes narratifs
pour insinuer au mieux l’aspect poétique et philosophique de son œuvre. Ceci en
fait l’un des romans marquant du cette époque, d’autant plus que la teneur des
enseignements que l’on en tire dépend du type de lecture mené. En effet, quand
certains relèvent les faits historiques, d’autres se laissent prendre par le porté
philosophique ou politique de l’œuvre.
Pourquoi avoir choisi ce periode particulièrement
complexe de la Révolution Chinoise : le soulèvement de Shanghai préparé
secretement par les Communistes et réprimé par Tchang-Kaï-Chek ?
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