https://1drv.ms/p/s!ApcMP4_YnDT7gWysus4TuJzfd65v
Thursday, March 30, 2017
Wednesday, March 29, 2017
Récit visuel - Shanghai
Voici le lien de mon recit visuel.
https://www.slideshare.net/secret/HBJCOwMRAq2UzI
(Video YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=_RKX49s9tBk )
RISTEVSKA Ivana
Master 1 LCSA Chinois
https://www.slideshare.net/secret/HBJCOwMRAq2UzI
(Video YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=_RKX49s9tBk )
RISTEVSKA Ivana
Master 1 LCSA Chinois
Thursday, March 23, 2017
Shanghai des 30 décrite sous la plume de Mao Dun
QUI EST MAO DUN ?
Né
en 1896 dans le bourg de Wuzhen, dans la ville-district de
Tongxiang(桐乡县乌镇
) à
l'extrême nord du Zhejiang, Shen Dehong (沈德鸿),
mais son nom de « courtoisie » (字)étant
Yanbing (雁冰),
c'est celui sous lequel il était connu jusqu'à ce qu'il prenne le
nom de plume de Mao Dun (茅盾)。Issu
d’un milieu de lettrés modernistes, IL reçoit à Hangzhou une
éducation traditionnelle avant d’entreprendre des études
d’ingénieur. En 1918 des difficultés financières le contraignent
à quitter l’Université de Nankin pour entrer aux Presses
commerciales de Shanghai comme lecteur.
À
ce moment-là, les Presses diffusaient les auteurs occidentaux aussi
bien que les écrivains chinois les plus marquants de la révolution
littéraire. Shen est par ce biais amené à participer au mouvement
du 4 mai 1919. Il fonde l’année suivante une Société de
recherches littéraires (Wenxue yanjiu hui) qui se donne pour
objectif de promouvoir la nouvelle littérature chinoise. Dans
le Xiaoshuo
yuebao (Mensuel
du roman), revue de la Société que dirige Shen, l’accent est mis
sur la recherche du réalisme : « l’Art pour la vie ».
Inspirés des écrivains réalistes tels que Dickens, Tchékhov,
Zola, l’écrivain s’oriente vers l’action révolutionnaire. Il
quitte la direction de la revue pour enseigner à l’Université de
Shanghai, où il entre en contact avec les cadres du PCC. En 1925, il
est affecté au Département de la propagande pendant l’Expédition
du Nord (北伐).
La rupture du Front uni en avril 1927 le contraint à prendre refuge
dans les bas-fonds de Shanghai. Shen Yanbing devient Mao Dun.
Mao
Dun commence à écrire de nombreux chef-d'oeuvre traitant à la fois
de ses propres expériences tels que la trilogie « Shi »
ainsi que des journaux, essais, montrant l'évolution politique et
sociale de Shanghai. Son chef-d’œuvre « Minuit »(子夜),paru
en 1933, vient illustrer les oppositions idéologiques,
LE
LIEN ENTRE LA VILLE ET LA LITTÉRATURE : « The Texture of
Metropolis »
Pour
comprendre davantage Mao Dun, il m'a semblé nécessaire de suivre
l'analyse de cet essai :
-Cet
essai traite de l'évolution de la littérature chinoise dans les
années 30. Certains chercheurs ont jugée la littérature
contemporaine chinoise comme une littérature réaliste du même type
que celle des Occidentaux de la seconde moitié du XIXème siècle.
Ce genre s'appuie notamment sur la description de la ville, ce qui
est sa principale caractéristiques : La ville dans la
littérature .
-On
distingue deux types de littérature sur la ville:la « Beijing
School of Fiction » 京派小说
(Lao She
老舍),
et les « New Perfectionnists » 新感觉派
(Mao Dun
茅盾),
soit une séparation urbaine nette entre le « Style de
Pékin »京派
et le
« Style de Shanghai »海派.
Leur point commun est de décrire la ville de façon plus symbolique,
analysant les évolutions architecturaux, évoquant les aspects
sociaux et culturelles de chacune des deux villes, et ce écrit d'une
façon si nette que l'on a impression de vivre réellement leurs
récits. C'est tout un art.
-Dans
les années 30 apparaît les écrivains modernistes. La plupart
d'entre eux évoque la ville de Shanghai comme une métropole en
perpétuelle évolution.
-Les
modes de narration de la ville selon l'Allemand Klaus Scherpe :
(1) Romantisme caractérisés par les oppositions entre « l'utopie
rural » et « le cauchemar urbain », (2) Roman
naturaliste où les oppositions Villes/campagnes sont plus
idéologiques (conflit de classes), (3) L'écriture moderne
s'appuyant sur l'aspect descriptif voire « flâneur parisien »
de la ville, le tout construit autour d'une esthétique de la
métropole, grande, illuminée et fantasque, (4) Mode de narration
fonctionnel et structurel : la ville prend une place beaucoup
plus importante et prend le rôle de la structure du texte, la ville
devient le texte. Cependant, la thèse de Scherpe est sujet de
controverses : en effet peut-on vraiment analyser la littérature
chinoise sous le prisme des mouvements littéraires occidentaux ?
-En
fait, la Chine des années 30 a connu à la fois les mouvements
littéraires romantiques, réalistes , ainsi que des modes de
narration plus ou moins divers.
-« Minuit »
(1933) de Mao Dun est considéré comme l'un des tout premiers romans
réalistes de Shanghai. En effet, il décrit la ville de façon si
documentée, si précise, si vivante qu'on a l'impression de vivre
toutes ces histoires à l'instant : une vision cinématographique
du roman.
« MINUIT » :
UNE OEUVRE ENTIÈRE, PORTRAIT D'UNE SHANGHAI GRANDILOQUENTE
Au
moment où Mao Dun écrit « Minuit », Shanghai connait un
tournant à la fois économique et politique : l'expédition du
nord, la division entre les intellectuels de gauche (Parti communiste
chinois) et les bourgeois nationalistes (Kuomintang) ainsi que le
Krach boursier mondial font que le Peuple chinois doit affronter de
nombreux contentieux. La ville aussi change : plus moderne, plus
dangereuse, plus folle dans sa dynamique de ville-centre
internationale et financière.
A)
Étude linguistique de l'oeuvre
J'ai
eu de la chance de trouver une assez bonne édition du livre :
cela m'a non seulement permis d'obtenir une excellente traduction
française sous la plume de Jacques Meunier (dirigé par Michelle
Loi) . En même temps, j'avais trouvé la version originale du roman. Il serait intéressant de comparer le roman chinois et sa traduction française afin de mieux comprendre comment est peinte Shanghai.
Extraits:
(一)
01
(chapitre 1 de la page 3)
"Le
soleil venait de disparaître à l'horizon. Des bouffées d'un vent
doux balayaient agréablement les visages. Les eaux troubles de la
Suzhou, d'un trompeur vert moiré d'or, s'écoulaient vers l'ouest,
légères et silencieuses. La marée du soir sur le Huangpu avait
imperceptiblement monté et, à présent, les bateaux accotés
aux deux rives flottaient haut, leurs ponts dépassant les quais d'un
demi-pied. Le vent apportait la musique du parc Waitan, mais le son
du tambourin, pareil au crépitement de haricots que l'on grille,
était le seul vraiment distinct, vraiment entraînant. La brume du
crépuscule masquait d'un léger voile la haute structure d'acier du
pont Waibaidu parfois, au passage des trolleys, des gerbes
d'étincelles vert jade explosaient des fils électriques suspendus
aux poutrelles. De là on découvrait vers l'est les entrepôts des
commerçants étrangers de Pudong, énormes et étranges bêtes
sauvages tapies dans l'obscurité de la nuit et scintillant de
myriades de lumières comme autant de petits yeux. Vers l'ouest, très
haut sur le toit d'un immeuble, mais néanmoins gigantesque, on
apercevait - spectacle proprement stupéfiant - une publicité au
néon qui lançait en flammes phosphorescentes, rouges ou vertes :
LIGHT , HEAT POWER!
En
cette soirée de mai paradisiaque, trois Citroëns modèle 1930
traversèrent comme l'éclair le pont Waibaidu, tournèrent vers
l'Ouest et s'engagèrent directement dans la section nord de l'avenue
Suzhou."
Ici,
description très précise du lieu.
Le
narrateur est très présent et observateur.
On
sent bien la présence de la ville cosmopolite (le Bund, la Nuit avec
les néons, la modernité, ville bruyante, très odorant =>
introduction vivante de la ville de Shanghai
(二)
Des
railleries de l'auteur sur le balancement entre l'Ancien Ordre établi
et la Modernité.
L'exemple
du Seigneur Wu qui se blottit contre son livre sacré le "Livre
des voeux et rétributions suprêmes!"
太上感应篇
, le
"Livre des voeux et rétributions suprêmes"
Ouvrage
d'inspiration taoïste de l'époque des Song; sorte de code moral.
Dans l'édition chinoise ancienne, les ouvrages étaient divisés en
"tomes", sous forme de fascicules souples brochés,
lesquels étaient ensuite réunis en un ou plusieurs étuis.
L'ouvrage, dont il est question ici, comptait en 35 tomes.
P.
9-10 du CHAPITRE 1
"Dans
ce véhicule dernier cri de la modernité lancé à belle allure par
les avenues de Shanghai, la métropole orientale de trois millions
d'habitants, un homme serrait donc pieusement entre ses mains le
"Livre des voeux et rétributions suprêmes, en se récitant
avec recueillement des sentences du Souverain Wen Chang (nom donné
sous les Yuan à Zhang YaZi qui aurait vécu sous les Jin (256-420),
immortalisé ensuite en divinité taoïste; nom également associé à
celui d'un astre) :
"万恶淫为首,白善孝为先“
卖淫
se livrer à
un commerce charnel, se prostituer
"Des
dix milles vices, la luxure est le plus grand; des cent vertus, la
piété filiale est la première".
Attitude
d'autant plus paradoxale que , contrairement aux 善棍"tartuffes"de
Shanghai
棍
vaurien
canaille
恶棍
gredin,
canaille
赌棍
joueur
invétéré,
joueur de
profession
讼棍
avocat
sournois
VOCABULAIRE
DE LA DÉBAUCHE, DU MAL COMME "LUXURE", "VAURIEN",
THE SHANGHAI VICE.
Contrairement
aux "tartuffes" de Shanghai pour qui la bonté n'était que
prétexte à escroquerie, Vieux Seigneur Wu vénérait réellement
cet ouvrage. trente ans auparavant pourtant, il avait été un adepte
convaincu du p
维新党
"parti
des modernistes"
Son
grand-père paternel, ainsi que son père, avaient tous deux été
vice-ministres en leur temps, bénéficiant de faveurs impériales
non négligeables, alors que lui ne rêvait que “革命”
“révolution”.
Dans
父与子的冲突
l'"affrontement
entre père et fils", alors général , le jeune seigneur Wu
occupait une position très en vue. Sans cette chute de cheval qui,
vingt-cinq ans plus tôt, lui avait brisé une jambe, entraînant
progressivement l'immobilisation de tout un côté du corps, sans ce
malheur plus grand encore qui l'avait frappé lorsqu'il avait perdu
son épouse, peut-être n'aurait-il pas été à présent ainsi
accroché à ce livre à longueur de journées. Mais l'ardue de ses
belles années semblait s'être perdue avec sa jambe. Depuis
vingt-cinq ans, il ne quittait plus son cabinet de travail; depuis
vingt-cinq ans, il ne lisait rien hormis ce Livre des voeux et
rétributions suprêmes; depuis vingt-cinq ans, il ne connaissait
d'autre vie que celle de son cabinet de travail!
(…)
Qu'il
ait pris place dans une voiture modèle 1930 ne signifiait nullement
qu'il avait transigé. Il avait déclaré un jour qu'il préférait
mourir que de voir de ses propres yeux son fils
离经叛道
"abandonner
les livres sacrés et renier l'orthodoxie"!
LEXICAL
DE LA MODERNISATION ET DE LA RÉVOLUTION
LE
SACRÉ ET LE PROFANE
(…)
P.
11
Il
y a vingt-cinq ans, cette maudite paralysie l'avait empêché de
poursuivre dans la voie des réformistes et l'avaient obligé à se
soumettre au "père", le vieux vice-ministre; de la mêmes
façon elle l'empêchait aujourd'hui de poursuivre dans la
积善
"voie
de la bonté"
et
le contraignait à transiger avec son fils, un industriel moderne !
D'un bout de sa vie à l'autre, il n'aurait connu que la tragédie!"
"Malgré
tout, il avait en main son talisman protecteur, le "Livre des
voeux et rétributions suprêmes"; et puis, avec Demoiselle
Quatrième, Huifang, et Seigneur septième, Axuan,
金童玉女
"sa
précieuse fille de jade et son cher garçon d'or"
auprès
de lui ,
似乎虽入"魔窟“(repère
des démons),亦未必竟堕“德行”
il
pouvait pénétrer "l'antre des démons", sans mettre
pour autant en danger sa conduite vertueuse."
(三)
LES
RAPPELS DE L'EXPÉDITION DU NORD ET DE LA GUERRE CIVILE
LA
COURSE FOLLE VERS L'ARGENT
Discussion
entre entrepreneurs, militaires et directeurs généraux
CHAPITRE
2
P.40
"Colonel
Lei s'adresse à Sun Jiren:
-un
bateau de votre compagnie a transporté un millier de blessés? Ce
n'est pas rien. Mais quand on se bat sérieusement, les pertes sont
inévitables. Celles de l'ennemi sont cependant bien plus
considérables! tu te souviens, Huang Fen, de nitre bataille sur la
ligne Jing-Han en mai 1927? Nos IVème et XIème armées avaient
perdu plus de vingt-mille hommes. Hankou et Wuchaang étaient
remplies de blessés. Mais nous l'avons quand même emporté,
finalement.
De
fierté, le colonel avait rougi. il parcouru l'auditoire du regard
pour juger de l'effet de ses propos, espérant bien avoir ainsi donné
un cours différent à la conversation. Mais Huang Fen, lui apporta
un cinglant démenti
-tu
veux parler de cette bataille sur la ligne Jing-Han, en mai 1927?
Mais à l'heure actuelle, c'est très différent! Si à l'époque il
y a eu tant de morts et de blessés, c'est qu'on se jetait de toutes
ses forces dans la bataille! Maintenant, ce serait plutôt
l'inverse?"
Ligne
de chemin de fer, Beijing-Hankou, lieu d'une bataille entre l'armée
de Ye Ting, un général proche du parti communiste, encore allié au
gouvernement de Wuhan et celle de Xia Douyin, un seigneur de la
guerre qui menaçait de prendre Wuhan, au profit de Tchang Kaï-chek.
Cette bataille est considérée comme un haut fait de la seconde
"Beifa" (expédition vers le nord), laquelle succédait à
la première "Beif " dont l'objectif était l'élimination
, par les forces alliées du Guomindang et du Parti communiste, des
Seigneurs de la Guerre, et l'unification de tout le pays; cette
bataille avait donc un but bien différent de celui des conflits de
1930, règlements de compte entre factions adverses du Guomindang.
Cette période est d'ailleurs communément appelée "Période
des nouveaux Seigneurs de la guerre", d'où la remarque acerbe
de Huang Fen devant la fierté déplacée du Colonel Lei.
P.44-45
Cette
information secoua l'assemblée davantage encore que le reste! Li
Zhuangfei, l'homme à la moustache en brosse, blêmit. Quant aux
interlocuteurs de Zhou Zhongwei et du Colonel Lei, ils s'empressèrent
de venir aux nouvelles. Cette année-là, tous ceux sans exception,
qui avaient quelques fonds, s'étaient lancés dans les emprunts
publics. Mais la chute en série de tous ces emprunts affectait
différemment les uns et les autres : tout heureux, les spéculateurs
à la "baisse", riaient sans retenue et les haussiers
ravalaient leur amertume!
B)
Étude du cadre spatio-temporel de l'oeuvre
C)Portraits
de quelques personnages et leurs symbolismes
CHAPITRE
1
老关
Vieux Guan
三老爷
蓀甫
Sunfu
吴老太爷
Seigneur Wu
Seigneur
Troisième (dans les familles des hautes couches de la société
traditionnelle, ce terme générique de "Seigneur" était
donné à tous les membres mâles. Par ailleurs, dans toute famille,
les enfants étaient désignés selon leur rang de naissance, Wu
Sunfu est donc le troisième de la génération; par la suite, il
sera question d'une soeur aînée "Deuxième", d'une soeur
cadette "Quatrièle" et d'un jeune frère "Septième".
福生
Fusheng
杜竹chai
Du Zhuchai, "Seigneur Oncle"
杜姑太太
Madame
tante, épouse de Su Zhuchai, soeur deuxième, 二姨
四妹
Soeur
Quatrième,
四小姐慧芳
Demoiselle
quatrième, Huifang
七少爷阿萱Seigneur
septième, Axuan
CHAPITRE
2
孙吉Monsieur
Sin Jiren, président directeur général de la Compagnie des
transports navals du Pacifique.
雷参谋
Colonel Lei
Wang
Hefu, directeur général des Houillères Daxing
吴少奶奶
Jeune Dame
Wu dans sa tenue de deuil suscite les plus grands fantasmes
P.35
"Le
colonel Lei avait un sourire déférent, mais son regard appréciait
la toilette de deuil de Jeune Dame Wu, la qipao de mousseline noire
aux manches trois-quarts très ajustée qui lui couvrait les
chevilles, et mettait subtilement en valeur sa taille élancée. Sur
son visage sans fard, le double arc des sourcils, ni trop ni trop peu
marqués, paraissait très naturel. Si le pourtour des yeux était un
peu rouge, le regard brillant gardait sa vivacité habituelle. Chacun
de ses mouvements rayonnait d'une intelligence et d'une délicatesse
infinies. Malgré lui, le colonel Lei en eut un coup au coeur.
Zhu
Yinqiu, patron d'une filature de soie
Chen
Junyi, patron de la Fabrique des soieries Wuyun
Sun
Wufu, le fils de Mort Seigneur Wu
CHAPITRE
4
Zeng
Canghai, oncle maternel de Wu Sunfu, fumeur d'opium
les
affairistes "nouveaux nobles"
Le
Triple Démisme : les trois principes du peuples, doctrine de Sun
Yatsen et programme officiel du Guomindang bien que sa politique lui
tourne le dos depuis le coups d'état de 1927
Décrets
impériaux, livre des sentences tenues par l'Empereur
Flis
Zeng, Zeng Jiaju
Fei
la Barbichette
CHAPITRE
5
Plan
de construction du pays : allusion à la La construction matérielle,
le second des trois écrits de Sun Yatsen, regroupés sous un seul
titre.
-la
domestique Gao Sheng
-Tang
Yunshan
-Tu
Weiyue
En
ce moment, menace que les ouvrières de la fabrique de soie se
révoltent, trouver des solutions
-Lin
Peishan
Yao
Jinfeng, une grande maigre au visage rond grêlé; la grève perlée
c'est elle qui l'a lancée
filature
de soie à Wuxi
CONCLUSION :
CE QUE NOUS POUVONS EN RETIRER DE L'OEUVRE
L'oeuvre
de Mao Dun se caractérise par la minutie de ses observations, de la
finesse de son analyse des spéculations boursière, des oppositions
entre les Nationalistes bourgeois et les ouvriers communistes, de la
complexité des intrigues, de l'humour cruel des confrontations
entre les espoirs et les résultats. Il s'agit d'un véritable
kaléidoscope autour de la métropole de Shanghai, cela fait de
celle-ci une ville fascinante.
La
préface de Michelle Loi en dit long sur les caractéristiques de
l'oeuvre « Minuit » :
“Les
évènements viennent d'avoir lieu. C'est encore vivant, encore
brûlant. Le personnage principal : la bourse de Shanghai, rien à
voir, tout compte fait, avec "L'argent" de Zola, ni pour le
modèle historique, ni pour la mise en oeuvre littéraire. "Minuit
est une grande fresque qui se déroule en de multiples scènes
éclatantes et variées tels des éclats de mosaïque minutieusement
ajustés. "Minuit", c'est la grande crise économique de la
pénétration du capitalisme américaine et de l'industrie japonaise
dans la Chine des années 30. Clameurs de la bourse, spéculation,
conciliabules et complots dans les allées des grands parcs, la vie
devenue impossible, les rebelles dans les campagnes, la mort
foudroyante à la ville, les luttes des bourgeois (nationaux) contre
les bourgeois (compradores); des grèves perlées à la répression
et la "coordination" de "la grande grève" ; les
policiers protégeant la liberté du travail et les groupes mafieux
surveillant les quartiers ouvriers; la haine du petit peuple exaspéré
par la misère, les erreurs des dirigeants, les sacrifices inutiles
de la jeunesse; les loyaux services des syndicats jaunes; le sort de
la guerre monnayé par les généraux, la disparition de toutes les
illusions, le choc des générations, les souffrances des femmes, la
mort de l'amour, le vertige et la puissance du sexe, et finalement
outres les tragédies des êtres humains ramenées en une seule :
l'argent, l'argent, encore l'argent.
Et
cependant, comme toujours chez Maodun, l'humour qui brusquement
affleure, retourne la tragédie en comédie, laisse la conclusion en
suspens sur un éclat de rire, indécise comme une clarté sur un
désastre sans précédent, mais une clarté tout de même, jamais
vue à minuit. "
Michelle
Loi, 31 décembre 1992
Mao
Dun fait partie de ces écrivains qui veulent « construire une
nouvelle littérature » . Les années 30 représentent l'Âge
d'or des écrivains naturalistes chinois.
Mao Dun Minuit,子夜,(1933)
Mao Dun
(Shen Dehong) occupe une place importante dans la littérature chinoise des
années 1930. Entre 1921 et 1932 Mao Dun était un des éditeurs de la revue
littéraire Xiaoshuo yuebao qui devait
faire émerger une nouvelle littérature chinoise grâce à une révolution des
pratiques. Avide lecteur et
traducteur d’œuvres occidentales telles que celles de Zola, les critiques l’ont
placé dans la filiation des grands romanciers européens, réalistes et
naturalistes, du XIXème siècle. Il a créé dans ses romans des cadres urbains pour
ses personnages, comme c’est le cas pour Minuit
qui se déroule dans le Shanghai des années 1930. Minuit est un roman qui accorde une large place aux questionnements
de nature politique, il fait s’interroger le lecteur sur la place de l’argent,
le capitalisme et l’impérialisme qui règnent dans la ville ainsi que le pouvoir
de séduction néfaste de celle-ci, peinte comme un lieu de décadence et de
corruption morale. Un extrait du début du roman l’illustre tour à fait.
Le roman s’ouvre sur l’entrée d’un
personnage, le vieux Wou, homme appartenant à un autre monde, plus rural et
conservateur, loin du Shanghai moderne. Le lecteur entre dans le roman par le
biais de cet intermédiaire qui, lui aussi, découvre un monde nouveau. Cependant,
cette compagnie sera de courte durée, l’entrée du vieux Wou étant pour lui le
début de sa fin, il meurt à peine arrivé et laisse le lecteur égaré. Ce
parcours introductif est l’occasion d’appréhender le Shanghai mis en scène par
Mao Dun, son urbanité bien présente et tournant autour d’éléments récurants et
similaires. Durant le trajet en voiture, le vieux Wu fait une expérience avant
tout sensorielle. Il est submergé par des lumières, des odeurs, des sons, des
mouvements...
La ville
est pour lui une stimulation permanente comme l’indique le narrateur : « Devant ses yeux dansaient du rouge, du
jaune, du vert, du noir, du brillant, des carrées, des cylindres, tout
s’entremêlait, tout sautait, tout tournait. Dans ses oreilles c’étaient des
bruits extraordinaires d’une telle violence que son cœur sautait au point de
lui sortir de la gorge. » (p 9). La vitesse, liée aux automobiles est
souvent mentionnée, ainsi la voiture est « une machine moderne perfectionnée qui roule à toute vitesse » (p
6) puis carrément une « machine
diabolique » (p8) qui ne fait que gagner encore de la vitesse durant
le voyage jusqu’à la maison : « L’auto
se lançait en avant comme une furie » (p 8), « l’auto filait toujours comme un bolide »
(p 11). C’est donc la voiture qui est le premier mode de transport qui nous
fait découvrir la ville. La vision obtenue y gagne encore en intensité. A
travers la vitre, le paysage urbain subit des déformations métaphoriques
révélatrices de l’esprit d’un vieil homme méfiant : les fenêtres des
gratte-ciels sont les yeux des « démons », tout comme les phares des
voitures et les réverbères se changent en des « gourdins » agressifs.
Les rues ne sont presque plus fréquentées par des hommes, les gens courent tout
d’abord « éperdus, comme s’ils
avaient le diable à leurs trousses » (p 9) puis se déshumanisent pour
que Shanghai devienne un véritable « gouffre
de diables » (p 13).
Mais quel est ce Shanghai ? De quels
lieux est-il question ? Wou Souen-fou, le fils, industriel Shanghaien, ainsi
que sa sœur et son mari sont dans deux voitures de la marque Citroën. Ils
ramènent le vieux Wou à Shanghai pour éviter les violences dans leur région
d’origine. L’itinéraire qu’ils empruntent commence sur le quai de la
rivière “Soutcheou” (p 1), ils traversent ensuite le pont
Waipaitou et tournent vers le sud. Ils arrivent au croisement de l’avenue de Nankin
et de l’avenue de Honan (p 9), puis ils tournent enfin à gauche, pour rentrer dans
une « avenue silencieuse bordée
d’arbres » (p 12) et s’arrêtent devant une « maison de trois étages, large de cinq pièces ». C’est là que
se déroule l’essentiel de l’action, des discussions entre les personnages. La
localisation est assez précise, ce n’est pas toujours le cas. Le roman se
déroule pour l’essentiel dans le Shanghai « moderne », celui de la
concession internationale, de la Chambre de commerce, de la bourse très souvent
évoquée et illustrant la frénésie et la fièvre de toute la ville, c’est le
Shanghai des banquiers (Yuanta), des
agences de crédits (Yitchang)… Les
autres références, celles du monde industriel des usines (soie, allumettes…)
sont plus floues et donc plus idéologiques que géographiques. Dans ce milieu très
aisé des riches entrepreneurs chinois, qui nous est donné à voir, l’argent
coule à flot, il alimente une réelle fièvre spéculative, fièvre qui
s’accompagne et se mélange au désir et à la séduction dont les champs lexicaux
traversent tout le roman et irriguent le rapport des personnages à leur
environnement. De cette passion Wou Souen-fou fini ruiné.
(La pagination et la transcription des noms propres sont
celles des éditions en langues étrangères, Pékin, 1962.)
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