Di Wang est un spécialiste de l’histoire
sociale et culturelle de la Chine moderne. Son livre, The Teahouse :
Small Business, Everyday Culture, and Public Politics in Chengdu, 1900-1950,
publié en 2008, est un ouvrage d’analyse portant sur la ville de Chengdu, en
particulier durant la dynamique de modernisation à laquelle elle dut faire
face. Dans son livre, Di Wang nous dresse un portrait des maisons de Thé de la
ville de Chengdu entre 1900 et 1950. Son but ici est de démontrer qu’à cette
époque, les maisons de thés, en plus d’être des lieux de détentes et de loisirs
étaient aussi les premiers lieux de résistances. Nous allons voir ici quel rôle
et quelle image donne-t-il de ces maisons de thés. Selon lui, le salon de thé
représente un microcosme de la société en général. L’étude des maisons de thé
est pour lui, un moyen de connaitre la
ville chinoise et la culture quotidienne. De par cette analyse, on examine les
changements économiques, sociaux, et culturels qui sont canalisés dans ces
maisons de thé à Chengdu durant la première moitié du vingtième siècle. De
plus, la culture de longue date et les coutumes locales qui réside à Chengdu
doivent constamment résister aux vagues d’occidentalisation, qui tendent à
imposer des transformations modernes et parallèlement avec la croissance du
rôle de l’Etat. Dans cet ouvrage, l’auteur aborde le sujet des maisons de thés
sous différents angles, d’un point de vue historique, notamment le rôle qu’ont joué
les maisons de thé dans l’histoire urbaine. Dans cette partie, il nous détaille
les 3 approches qui ont été suivie par différents chercheurs. La première, fut
faite par des japonais dans les années 1980. L’un d’entre eux, Suzuki Tomo
publia un article sur les maisons de thés du Zhejiang et Jiangsu sous la
période des Qing. Décrivant alors les gens se servaient des maisons de thés
pour les activités sociales tels que la détente, la discussion et le jeu. Cependant,
il a également reconnu qu’ à cause d’un manque de sources, son analyse n’est
pas très développée et qu’il ne pouvait donc pas répondre à la question qui
était de savoir comment étaient gérées les maisons de thé. Les arguments
majeurs de ces chercheurs étaient que le développement des maisons de thé
reflétait l’extension de l’espace publique urbain et qu’elles jouaient un rôle
complexe dans la société urbaine. La seconde approche, considère les maisons de
thés comme une unité de base de la structure sociale, et comme un des nombreux
facteurs modelant l’histoire urbaine de Chine. De ce point de vue, les maisons
de thés étaient donc utilisées comme des « terrains » où les disputes
et débats étaient établies par de nombreux clans d’associations, professions,
sociétés, qui incluaient pratiquement tous les membres des élites locales
influentes. C’est effectivement à ce moment-là que les chercheurs émettront
l’hypothèse que les maisons de thé servaient également de lieux de rassemblements
pour les mouvements protestataires. L’auteur nous explique que c’est d’ailleurs
l’une des raisons pour lesquelles les maisons de thé vont être les cibles des
contrôles du gouvernement. A cette époque les rassemblements ne pouvaient pas
se faire dans les habitations étant donnée le nombre trop important de
personnes, de ce fait, les maisons de thés étaient les seul lieux publiques à
pouvoir permettre ce genre de rassemblements, comme par exemple les mouvements
de grèves et de révoltes. En préventive pour ce genre de mouvements, les
politiques envoyaient des policiers en civil dans les maisons de thés pour
surveiller ce qui s’y disait. La troisième approche, plus récente, considèrent
les maisons de thé comme une ère de conflits sociale, culturelle, et politiques
entre les élites et les gens ordinaires, et entre l’état et la société. Durant
le mouvement moderniste du XXème siècle, les maisons de thés et les cultures de
thés ont semblés entre faible et vulnérable, sujette à des régulations
incessantes, attaques, et réformes, mais en réalité elles ont démontrés leur
dynamisme et persistance. L’un des autres aspects que donne l’auteur des
maisons de thé, est celui de petits business important dans la vie quotidienne
de gens de Chengdu. Il nous décrit les maisons de thé comme de petits business
car elles opèrent dans de petites capitales, occupent peu de place, quelques
employés, et généraient des profits maigre. La plupart des propriétaires de
maisons de thé étaient de petits commerçants, qui oscillaient constamment entre
pauvreté et classe moyenne. De plus, la majorité d’entre eux étaient des
Sichuanais. L’auteur nous explique que cela est dut au fait que les maisons de
thé étaient le symbole fort de la culture locale et des traditions et qu’il aurait donc été difficile pour un
propriétaire qui ne parlait pas avec un accent sichuanais d’attirer des
clients. De par cette explication, l’auteur nous donne l’image de maisons de
thé comme celui d’un symbole de résistance à la modernisation. L’auteur aborde
également un point important concernant les maisons de thé et la société
chinoise dans son ensemble, celui des Guildes. Le rôle de ces
guildes était d’organiser la profession autour d’un intérêt commun et
assurer une structure de prix unifié. Pour cela les guildes doivent négocier
avec le gouvernement et devenir un intermédiaire entre les maisons de thés et
les autorités locales. Durant la Chine et impériale et républicaine, ces
guildes ont joué un rôle important dans vie économique urbaine et la société. A
Chengdu, tous les propriétaires de maisons de thé devaient rejoindre la guilde.
Au fil des années elle a évolué, passant d’une organisation autonome à celle
d’une guilde plus dépendante. Enfin, l’auteur nous montre également les
changements et évolution de la société à travers celui des maisons de thés.
Notamment la féminisation des emplois. A cette époque, la majorité des serveurs
étaient des hommes, mais durant la guerre de résistance (37-45), les femmes
commencèrent à travailler en tant que serveuses. Dans la société chinoise, les
femmes ont été d’importantes contributrices à l’économie, principalement à
travers l’artisanat à domicile comme le filage, tissage. Dans les zones rurales,
elles étaient assignées aux corvées à la ferme, et également à la prostitution.
A Chengdu en 1939 l’arrivé de ces femmes, attire de nouveau l’attention sur les
maisons de thé. Dans les changements qu’ont subis les maisons thés, nous avons
l’apparition de théâtres. Cette innovation va permettre alors aux maisons de
thé, de passer de sanctuaire exclusivement réservé à l’homme à un endroit
mixte. Cependant les femmes et les hommes n’étaient pas mélanger, et devaient
communiquer par l’intermédiaire des serveurs. Les maisons de thé théâtre ont été
les premières à autoriser les femmes. Mais tout de même avec un encouragement
du chaperonnage des femmes car de ce fait, elles attiraient plus de clients
masculins. Il faut avoir l’autorisation de la police pour pouvoir permettre aux
femmes de venir dans les maisons de thé. L’entrée des femmes dans les maisons
de thé va permettre de pouvoir augmenter le profit. Ces maison de thé théâtres
sont devenues, en plus d’être un moyen de divertissement, un lieu où les élites
homme et femme pouvaient se socialiser tout en regardant un spectacle. Et
surtout un moyen de « rencontrer l’amour ». Pour conclure, l’auteur
nous décrit avec précision la société chinoise et ses changements sous tous ses
angles à travers les maisons de thés. Nous démontrant alors que les maisons de
thé étaient plus que de simples lieux de détente mais un élément essentiel au
sein de la société chinoise de cette époque.
Source :
Di Wang. The Teahouse: Small Business, Everyday
Culture, and Public Politics in Chengdu, 1900–1950. Stanford, Calif.: Stanford
University Press. 2008. Pp. xiii, 355.
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